Amertume, douceur et apesanteur

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On ouvre la porte d’entrée, le corps à moitié dans l’air froid hivernal de l’extérieur. La chaleur d’une atmosphère intérieure nous invite à rapidement refermer la porte derrière soi. Les formules d’accueil habituelles au Japon effectuées, et ma légère inclinaison sont les premiers échanges entre les personnes ici présentes et moi.

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Le bois domine dans cet espace où se mélange la lumière du jour et celle chaleureuse des lampes. Je m’installe à une table, me met à l’aise et ouvre le menu. Je suis ici pour boire du thé vert accompagné d’une douceur japonaise. Le matcha j’en ai si souvent bu, j’adore ça, mais cette fois-ci j’aimerais goûter un sensha un peu particulier escorté d’un daifuku. En attendant, je me déplace pour observer la gallerie de poteries exposées ici par des artistes de la région.

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Le daifuku m’est servi. Un petit corps rond appétissant ! Une peau de pâte de riz recouvrant une chair de purée de haricots rouges, autour d’un coeur de fraise que l’on devine à peine par transparence.

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Un sablier sert à faire le décompte des trois minutes d’attentes nécessaires pour la première infusion. Il y en aura trois en tout, de la plus faible température à la plus haute. Plus l’eau est chaude et plus l’amertume a envie de quitter sa maison de feuilles vertes.

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Du jazz en fond sonore. Un service aux petits soins, tout en douceur. On échange quelques mots avec des inconnus. On se sent chaud de thé, et baigné de calme.

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Le béton, le circulation, la ville d’Osaka, là dehors, on l’a presque oubliée, si ce n’est le charmant accent du Kansai qui flotte jusqu’à mes oreilles pendant que je regarde seul, et immortalise en photo, la décoration alentour.

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Deuxième et troisième infusion. À chaque fois le goût se mue sans répétition. Pour finir, on me prépare une dernière surprise. Le reste des feuilles de thé vert pressées, recouvertes d’un filet de sauce soja et de katsuobushi, des flocons de bonite séchés et fumés. Un délice ! Une touche salée et iodée, pour clôturer cet interstice d’apesanteur au coeur de la journée.

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Voilà une nouvelle adresse que je proposerais désormais bien volontiers aux amateurs de thé lors des safaris photo à Osaka.

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Osakura

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Osaka la laide. Osaka la méconnue. Se pourrait-il que l’image de cette ville puisse éclore à nouveau comme le font les Sakura au Japon chaque année ? Se pourrait-il que ces fameux arbres daignent fleurir aussi dans cette citée mal aimée ? N’est-ce pas qu’un privilège pour les plus (soi-disant) belles ?

Tunnel

Bien sûr que non ! Même dans le pire des dépotoirs, les cerisiers japonais fleurissent. Même dans la pire des conditions, les Sakura sont le symbole du renouveau annuel, comme une envie de tourner la page de sa vie. Que réserve cette cuvée 2014 pour Osaka ?

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En tout cas, comme chaque année, je me réjouis de revoir ces fleurs de cerisier. C’est un moment spécial. Je préfère la démentielle beauté de l’automne mais le printemps est chargé d’espoir. C’est la pente ascendante de la vie. Le temps est à la fête.

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Osaka regorge de lieux propices pour profiter du Hanami, comme toutes les villes du Japon. Pour profiter purement et simplement des cerisiers au Japon, vous pourriez être aussi bien à pétaouchnok qu’à Kyoto. Tant que vous êtes au bon endroit au bon moment pour coïncider avec la pleine floraison.

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Chaque année, le temps me manque pour aller prendre tranquillement des photos car les cerisiers riment aussi avec haute saison touristique. Ça bosse dur ! Alors, je fais de mon mieux avec le temps qu’il m’est imparti. Car photographier les Sakura ressemble parfois à un marathon pour les photographes. On vient chasser la fleur comme on viendrait chasser une bête dans la jungle.

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En cette période, je me laisse surprendre à chaque fois par la beauté de ces arbres, ainsi que par le comportement des gens autour de moi. Pour les Japonais on dirait que les Sakura sont comme la lumière dans le noir.

Lumière

Ils s’immortalisent avec chaque année comme pour figer cette floraison si éphémère. Ils grandissent avec ça et répètent encore et toujours les mêmes gestes machinalement, comme ils le font dans des sanctuaires, priant des dieux dont ils ne croient pas l’existence. Peu importe la finalité, l’important c’est le geste. L’important c’est l’instant et non les conséquences de celui-ci.

photo

Un bourgeon fleurit pour mourir. Une vie s’allume pour s’éteindre. L’oeil finit toujours par cligner. Le coeur se contracte entre deux pauses. Un instant, une année et ça repart, encore et encore. À l’année prochaine …

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