Sur les routes encore en 2013 – Bonne année à tous !

Le périple dans le Kyushu arrive à sa fin tout comme l’année 2012 se termine. Pour les retardataires, voici tous les chapitres ci-dessous.

Mission D’automne Vers Kyushu
La Région D’Aso
Le Château De Kumamoto
Le Jardin Suizenji À Kumamoto
La Presqu’île De Shimabara Et Le Mont Unzen
Les Maisons d’étrangers De Nagasaki
Nomo Hantô, La Péninsule De Nagasaki

Depuis Nagasaki, je suis donc rentré à Osaka d’une traite avec un petit détour. Environ 850 km donc sur les autoroutes japonaise. J’ai beau avoir passé mon enfance sur les routes reliant Strasbourg au centre de l’Italie (1200 km), après 10 jours de guidage, ces 850 km ont été parfois un peu fatigant.

J’avais hâte de rentrer chez moi, à Osaka pour me reposer. À peine arrivé à Shimonoseki à l’extrémité de l’île de Honshu, j’ai vu le nom de ma ville sur les panneaux. Elle était pourtant très loin de là. Ça donne une bonne indication de l’importance de celle-ci dans le paysage nippon.

Les routes donc, encore et encore. 2012 a été riche en voyage, découverte et confirmation. Les visites guidées à Osaka, le boulot pour les agences locales et tous les projets en tête pour l’avenir. À présent il faut aller dans la continuité en 2013, année qui réservera à coup sûr sont lot de surprise aussi.

Je vous souhaite à tous une bonne année 2013  (un peu en avance) 🙂

Nomo Hantô, la péninsule de Nagasaki

Qu’ils soient professionnels ou amateurs, les pêcheurs sont souvent rois dans les péninsules du monde. Celle de la Nagasaki n’échappe pas à cette règle. À mesure que l’on avance dans ce bras de terre, on a l’impression de s’enfoncer dans l’océan.

Nomo de son vrai nom, la péninsule de Nagasaki fait partie de ces nombreux endroits où l’on ne croise presque jamais de touristes étrangers. En mal de nature, c’est un repli idéal depuis la ville.

Sur le bord de la route, je suis tombé par hasard sur un Meoto Iwa, des rochers mariés encordé d’un Shimenawa. On en trouve quelques-un éparpillés dans tout le pays bien que le plus connu soit à Futami dans le Kansai. Qui a dit encore dans le Kansai ? ^^

La photo du bas attire votre regard, mais attendez. Revenez sur celle plus haut. Regardez entre les deux roches, on aperçoit une silhouette bizarre à l’horizon. On dirait un énorme bateau mais c’est en réalité une île. Depuis quelques semaines elle fait parler d’elle. En effet, un passage de Skyfall, le dernier James Bond, s’inspire de cette incroyable île que l’ami Jordy connaît bien.

Pointant presque vers l’ouest, rien de mieux que de rejoindre le bout de l’île et d’attendre que le soleil s’en aille éclairer l’autre partie du globe. La lumière a assez jailli pour aujourd’hui. Il est temps d’en laisser un peu pour les autres. Je sais que la France fait partie de cette zone du globe qui commence la journée à présent, tandis que moi je la finis. C’est ainsi, au Japon, les couchers de soleil ont pour moi une signification particulière qui va au delà de la beauté de l’instant.

Les maisons des étrangers de Nagasaki

Pendant la fermeture complète du Japon à l’époque d’Edo (sakoku), le seul contact toléré avec l’occident se trouvait sur Dejima, une île dans la baie de Nagasaki qui servait de comptoir commercial avec les Hollandais. Lorsqu’en 1859, Nagasaki devint un port libre, il semble naturel que beaucoup d’Occidentaux aient choisi cette ville en priorité pour s’y établir.

C’est ainsi que des Anglais, Américains où même Français s’installèrent ici. Pour la plupart, de riches marchands qui, s’ils voulaient bien poser bagage au Japon, ne désiraient pas pour autant renier aux bonnes habitudes de leur pays.

Nous avons donc, comme dans de nombreux endroits sur terre, droit à des maisons de style colonial à Nagasaki. Ces dernières, principalement de style américains, sont autant exotiques pour les Japonais que pour les Français. Moi, personnellement, j’ai parfois l’impression de me retrouver en Louisiane en me baladant dans le coin.

Quelque fois, de petits détails nippons apparaissent dans ces maisons, comme par exemple des tuiles japonaises.

Le Japon est un pays où traditionnellement on ne construisait pas vraiment d’habitations à flanc de montagne. Les montagnes c’était le royaume des Dieux où l’on se permettait uniquement de construire des temples ou des sanctuaires. Mais les Occidentaux ne voyaient pas les choses ainsi et ne se gênaient pas pour choisir les plus beaux endroits pour y établir leurs demeures avec vue sur la mer. C’est ainsi que, comme à Kobe, on aperçoit aujourd’hui que Nagasaki s’étend pas mal en hauteur.

À l’intérieur, ces maisons sont meublées et permettent de se faire une idée de la vie que menait ces étrangers qui ont tant influencé un pays en soif de modernité. Il y avait tant à faire à cette époque. Électricité, chemins de fer, industrie, médecine, politique et constitution.

Certains venaient aussi pour voir seulement de leur propres yeux ce fameux Japon dont on entendait parler comme d’une terre étrange et qui était fermé jusqu’alors.
C’est aussi à cette époque que Pierre Loti est arrivé à Nagasaki et écrivant en même temps le désormais célèbre Madame Chrysanthème. Nagasaki est aussi le lieu où se déroule Madame Butterfly, l’opéra de Puccini, qui est un clin d’oeil à l’oeuvre de Loti.

Il règne une drôle d’ambiance à Nagasaki. C’est la ville la plus ouverte sur l’occident de l’histoire du Japon. Quelle étrange coïncidence que ce soit ces mêmes Occidentaux qui lâchèrent une bombe atomique ici le 9 août 1945.

La presqu’île de Shimabara et le mont Unzen

On poursuit notre périple à Kyushu avec la presqu’île de Shimabara appelée parfois aussi Unzen, nom du mont qui se trouve en son centre. Ce mont est en réalité un volcan et pas des moindres, puisqu’un des plus préoccupants du Japon. Entouré de mer, comme pour le Sakurajima à Kagoshima, ce volcan cache bien son jeu.

C’est pourtant ici qu’à eu lieu, en 1792, la plus grande catastrophe d’origine volcanique du Japon faisant 15 000 morts. Aujourd’hui, cette presqu’île est surtout campagnarde. On y trouve de toutes petites villes et une station de onsen un peu désuète connue pour ses enfers, des fumées sulfureuses qui s’échappent du flanc de la montagne.

Les habitants semblent avoir été façonnés par les aléas de la vie en compagnie d’un volcan capricieux. Les villages reculés dans de maigres vallées piquées de cryptomères se démarquent grâce à la qualité de leur rizières en terrasse.

Ces dernières sont faites en partie avec les nombreuses pierres volcaniques qui devaient se trouver ici au départ. Un moyen intelligent de tirer avantage de terres à priori plus compliquées à cultiver.

Dans ces villages, on met un point d’honneur à déposer les âmes des ancêtres le plus haut possible. Les plus beaux paysages sont donc offerts aux anciens, qui peuvent parfois même profiter d’une vue sur la mer. Les inscriptions gravées dans la pierre sont en plus souvent recouvertes de dorures.

Les pentes sont abruptes ici. Et la hauteur prise offre parfois de très jolis points de vue. Le soleil va et vient en dansant sur la surface de la mer.

Comme toujours au Japon, les viles et villages se déplient surtout dans les rares terrains plats.

Et les sanctuaires shinto ont le charme de la campagne. Rien à voir avec ceux que l’on trouvent dans les grandes villes du pays. Si vous cherchiez le mystique, c’est dans ce genre d’endroits qu’il faut venir le chercher. Armez-vous de bonnes chaussures et de patience.

Les couleurs froides dominent ici. Entre le ciel grisonnant, la mer et les forêts.

Mais n’oublions pas que nous sommes en automne et que, même lorsque des perles de pluie viennent s’y déposer, les couleurs chaudes sont en fête.

Le jardin Suizenji à Kumamoto

En plus de son château, la ville de Kumamoto possède le Suizenji-koen, un jardin réputé et souvent très apprécié par les touristes occidentaux pour sa très célèbre reproduction de la silhouette du Mont Fuji.

C’est vrai que cette vue est particulièrement belle ! C’est l’attrait principal d’un jardin japonais très agréable mais que je ne considère pas comme faisant parti des plus jolis du Japon. Personnellement, j’ai un peu de mal avec la présence de pelouse dans des jardins japonais. Le Suizenji en est trop pourvu et il manque un je-ne-sais-quoi pour faire de ce lieu un véritable bijou.

Mais si vous passez à Kumamoto, c’est à coup sûr un incontournable que je vous conseille de ne pas rater.

Le château de Kumamoto

Trônant au beau milieu de la ville, le château de Kumamoto est un des plus connus et appréciés du Japon. Et pour cause, il faut avouer qu’il est splendide !

Et bien sûr, il ne faut pas manquer de passer par le Honmaru Goten et sa salle de réception recouverte de feuille d’or.

Comme pour la plupart des châteaux du Japon, il n’est pas entièrement authentique et a, lui aussi, ses parties reconstruites en béton. Le manque d’authenticité, l’Occidental en fait souvent tout un plat. Mais, il faut savoir remettre les choses dans leur contexte et faire la part des choses. Si le Japon n’avait pas pour habitude de reconstruire son patrimoine matériel depuis des siècles, il ne resterait pas grand chose sur ses terres.

Toujours est-il que le château de Kumamoto est un incontournable sur l’île de Kyushu. J’étais déjà venu ici en 2008. J’y avais fait de superbes rencontres avec ses chaleureux habitants. Ici, dans le Kyushu, la mentalité c’est encore autre chose. J’aime bien.

Mais cette fois-ci quelque chose m’a frappé à Kumamoto. Le manque de lumières dans certaines rues de la ville. C’est parfois étrangement sombre. Heureusement que le château lui, est toujours sous les feux des projecteurs.

La région d’Aso

Derrière le nom d’Aso, se cache une petite ville et un mont regroupant plusieurs volcans. C’est aussi le nom donné à une zone géographique d’environ 120 kilomètres de circonférence qui correspond à la taille de la plus grande caldeira du monde.

Aso est donc protégée par des remparts naturels qui s’élèvent en cercle. Ce sont les éruptions volcaniques qui ont façonné cette terre que je foule ici pour la seconde fois. J’étais venu en 2008 à l’époque. Un jour de brouillard.

Je suis donc à nouveau au coeur de l’île de Kyushu dans le cadre de la mission d’accompagnement dont je parlais dans l’article suivant : Mission d’automne vers Kyushu

J’aime bien ce coin car on ne se croirait pas au Japon. Il existe de nombreux endroits éparpillés dans le pays qui pourraient nous faire croire à un intrusion en Europe si un kanji au bord de la route ne venait pas nous le rappeler de temps en temps. Ici, c’est un peu l’Auvergne qui semble s’inviter sur la scène. À se demander pourquoi l’eau de Volvic a autant de succès au Japon ! La région d’Aso n’a rien à envier à son homologue français. D’autant plus qu’Aso produit aussi une excellente eau minérale plus facile à prononcer que Volvic pour un Japonais 🙂

Le vent se fait fort. Le Nakadake au loin semble couvert. Verrons-nous le cratère ? Je n’avais pas eu cette chance la première fois. Si le temps est superbement photogénique, je ne crois pas que les Dieux volcaniques me feront une faveur cette fois encore.

L’ascension se fait calmement à travers des paysages magnifiques. La pierre volcanique, si légère, se voit de plus en plus.

Mais à mesure que l’on approche du cratère l’espoir de voir le lac sulfureux se réduit. Au bord, ce ne sont que des fumées endiablées chargée de souffre. Nostalgie. Ça sent l’Islande. Le pays où j’ai senti la première fois cette odeur d’oeuf pourri si significative ^^
Après l’Auvergne, ce sont des paysages de films de guerre que l’on voit avec ces bunkers de protection au bord du cratère.

On repart un peu déçu bien que le plus beau des spectacles ne se trouve pas au fond du cratère mais bien autour du mont.

Un arrêt au bord de la route pour faire quelques clichés. Je sens des goutes froides tomber contre moi. De la neige. Est-elle venue apaiser les ardeurs du volcan ?