La petite gare au soleil

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J’écris à présent sur mon calepin installé sur un banc dans la minuscule gare d’Ichijodani dans la préfecture de Fukui.

Nous sommes le 18 août. Il doit faire 35 ou 36 degrés. Tout le monde se balade avec une serviette humide autour du cou ; bien pratique pour éponger l’incessante transpiration qui perle sur le corps.

Le prochain train arrive à 15h41. Ça fait déjà 40 minutes que j’attends, le corps à demi dans une ombre maigrement réconfortante. La peau de mon visage se tire en réponse aux trois kilomètres de marche que je lui ai infligée en plein soleil. Les rares brises de vent semblent être des bénédictions divines. Les grillons chantent sans arrêt.
À côté de moi, quelques japonais discutent et plaisantent. Je me joins à la conversation, principalement tournée sur la chaleur ambiante et sur le pays d’où je viens, moi, l’étranger. Je rencontre notamment un passionné de chemins de fer venu d’Osaka exprès pour filmer et prendre en photo le train JR de la ligne Kuzuryu. Ce train, c’est un seul wagon, fonctionnant encore au diesel et serpentant entre des collines remplies de sugi, les cryptomères japonais. Neuf trains par jour, c’est peu mais j’ai connu pire.

Le charme du lieu opère malgré la chaleur. Devant moi c’est la nature. Des rizières à perte de vue qui ne vont pas tarder à être récoltées.

Encore cinq minutes dans cette campagne reculée. Ce soir, je serai dans la grande métropole d’Osaka. Un contraste impressionnant !

Encore une minute avant d’embarquer. Le train résonne. Me voilà parti . . .

Les chats de la route du Tokaido

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Le ciel est indécis ce matin. Mais aujourd’hui, peut-être verrons-nous le mont Fuji à l’horizon ? Madame Ota sort de sa vieille maison faite de portes coulissantes, de bois et de bambous pour faire sa marche quotidienne. Cela fait 10 ans qu’elle passe tous les jours ici. Et 10 ans maintenant qu’elle connaît une famille de chats sauvages. 10 ans aussi qu’elle leur donne à manger chaque matin.

Ces chats ne savent pas qu’ils foulent jour et nuit l’ancienne route du Tokaido reliant Tokyo à Kyoto. La ville est à quelques mètres plus bas, mais ici, sur les vieux pavés abîmés de l’ancien chemin longeant la colline, peu de gens pensent à venir. La route du Tokaido, si animée et importante il y a des centaines d’années, est devenue le refuge d’une famille de chats sauvages. L’âme des anciens voyageurs se serait-elle réincarnée dans le corps de ces animaux pour qu’ils élisent ici leur domicile ?

Durant l’époque d’Edo, le pouvoir du pays se partageait entre deux villes : Edo et Kyoto. À Edo (ancien nom de Tokyo) se trouvait le Shogun qui contrôlait le pays. À Kyoto, se trouvait le pouvoir impérial avec l’Empereur, symbolique plus qu’actif déjà à cette époque. Beaucoup de Japonais, commerçants, messagers, seigneurs, étaient obligés de faire d’incessants aller-retour entre les deux villes. C’est ainsi qu’ont été créés les premiers guides de voyages modernes où étaient indiqués sur une carte les refuges et lieux où manger. Il y avait même des conseils pour se masser les jambes sur les points d’acuponcture ainsi que la technique la plus efficace pour extraire le venin d’un serpent.

Au niveau de la ville d’Hakone se trouvait une sorte de point de contrôle où seuls les gens autorisés avaient le droit de passer d’un côté à l’autre. Aujourd’hui, ce point de contrôle a été reconstruit et permet de se faire une idée de cette époque révolue de loi martiale.

La route du Tokaido est tout simplement mythique et a été le sujet de plusieurs oeuvres. La plus connue étant la série de 53 estampes d’Hiroshige.

source : wikipedia.com

Aujourd’hui quelque peu oubliée, abimée, effacée, la route du Tokaido existe toujours. Mais entre les grands axes routiers en goudron et les petits sentiers centenaires à peine visibles sur le côté, il faut toujours choisir de quel côté marcher . . .